Les colonies


I - Gauvin


I

Gauvin


Gauvin était bientôt à cour de carburant. Il se dirigeait vers Port, la ville couverte la plus proche. Sa femme était en train d'agoniser dans la partie arrière du véhicule. Il jetait fréquemment un coup d'œil sur l'écran de contrôle pour voir son visage. Elle était secouée par de légers spasmes et les nombreux cahots de la route en terre. Gauvin s'accrochait au volant et concentrait sa volonté pour ne penser à rien.
Parfois, une forme couverte de haillons sortait d'un amas rocheux et faisait des gestes lents. Il les percevait à peine, comme des êtres sans réalité. Il voyait le dôme depuis plus d'une heure, mais celui-ci se rapprochait encore trop lentement. Le soleil brûlant donnait au paysage pierreux un aspect rugueux, projetant de nombreuses ombres noires et tranchées sur la terre jaune, comme un œil mort dans le bleu sombre d'un ciel sans nuage.

Les portes des villes couvertes étaient petites et nombreuses. Le dôme de Port en comptait plus d'une centaine. Toutes étaient gardées, mais quelques-unes, donnant souvent sur les quartiers les plus pauvres, étaient moins strictement surveillées.
Le regard fixé sur la route, Gauvin relança son appel.
- Claude ? Réponds bordel !
- Claude.
Claude avait un visage ridé, des tempes fournies et une paire de lunettes, le tout dans l'ombre et à peine éclairé par un faible scintillement.
- Donne moi l'entrée non surveillée la plus proche du secteur 4. J'ai moins de vingt minutes.
Le visage de Claude disparut aussitôt.

Le véhicule de Gauvin, poussé au maximum, soulevait une fine poussière sur l'une des nombreuses routes en terre menant à la ville.
Le visage de Claude réapparut :
- Porte 138 dans quinze minutes.
Gauvin changea légèrement de cap, s'écartant progressivement de la route.

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lundi 18 octobre 2004